Magnat  l’Étrange      
   Église de l’Assomption de la Très Sainte Vierge Marie    

(cliquez sur les images pour les agrandir - un grand Merci à Joël Pirolo pour les photos)

<= La porte d'entrée de l'église, avec ses colonnettes et ses arcatures. Le second clocher-mur est ici vu "par la tranche".

La commune tire son nom de deux grandes familles locales : les barons de Magnat ou de Magnac, et les comtes puis marquis de Lestrange, dynastie dont l’ancêtre a probablement été qualifié « d’étranger » la première fois où il est arrivé dans le village… même s’il ne venait pas de très loin… En paraphrasant une citation extraite d'un album d'Astérix le Gaulois, on peut imaginer la réaction des habitants du village : "Ici, nous aimons bien les étrangers, mais cet étranger-là n'est pas de chez nous" !

Très belle croix en ferronnerie d'art => 

Au XVIII° siècle, le marquis de Lestrange voyage en Russie et en ramène des graines d’une variété de choux pommés, de grandes dimensions (diamètre jusqu’à 1 m, poids jusqu’à 20 kg !). Ces choux n’ont peut-être pas un goût très fin, mais ils résistent au froid, ils se conservent bien et longtemps (la tête en bas), et ils poussent même en terrain pauvre : tout ce qu’il faut pour réussir à Magnat ! Ce légume nourrissant et économique est devenu une spécialité locale. Quant au goût, il suffit de le relever avec une bonne sauce…

Statue en pierre du chou, devant la mairie =>

Un peu d'histoire 
Une première église est construite à Magnat au VIII° siècle, mais détruite par les Vikings au IX° siècle. Une nouvelle église, construite fin XII° / début XIII° siècle, est à son tour détruite pendant les guerres de religion (XVI° siècle), mais il en reste les murs de l’abside polygonale et du clocher-mur perpendiculaire. La nef est reconstruite peu après, en s’appuyant sur les parties subsistantes. Le bâtiment est remanié et agrandi au XVII° siècle, avec ajout de deux chapelles latérales. L’église est classée Monument Histori-que le 1° juin 1943 ; divers éléments intérieurs (statues, boiseries, ...) sont également inscrits aux Monuments Historiques. Enfin, l'église est rénovée en 2017.
<= La magnifique abside polygonale. Remarquer les colonnes verticales et les modillons sculptés.
La nef, tout en longueur.
La particularité la plus marquante de cette église tient bien sûr à la présence de deux clochers-murs perpendiculaires, dont voici l'histoire telle que la tradition locale nous l'a transmise : à son départ en croisade, le seigneur de Magnat promet au curé de la paroisse de faire construire à ses frais un clocher-mur, s’il en revient vivant. Ainsi, par cette demande astucieuse et calculée, ce seigneur s'assure-t-il indirectement que le curé priera pour lui et pour sa survie, pendant toute la durée de l'expédition. Puis les années passent, longues et monotones... Le seigneur ne revient toujours pas et ne donne aucun signe de vie ; son épouse finit par le considérer comme disparu. Elle décide alors de se remarier, et, pour faire taire les scrupules du curé à célébrer ce remariage "douteux", elle fait construire à ses frais le clocher-mur promis. 
Mais, coup de théâtre, voilà que le mari revient enfin et découvre son infortune conjugale ! Fou de rage et de douleur, il trucide sa femme infidèle et le nouvel époux de celle-ci, et, pour se faire pardonner ( !... ) ce double meurtre, il tient à honorer son engagement initial, donc il paye la construction du clocher-mur qu’il avait promis : d’où la présence de nos deux clochers-murs, qui se surveillent mutuellement du coin de l'oeil. Triste histoire, qui n’explique d’ailleurs pas pourquoi ces deux clochers-murs sont à angle droit, alors que, pour le même prix, ils auraient aussi bien pu être parallèles ou alignés… On  peut y voir un symbole de l'incommunicabilité entre le seigneur et sa femme... Les gens du pays ont donné à cet assemblage à l'équerre le surnom de "clocher du diable", tant il est facile d'y voir la main du "diviseur", celui qui dresse les humains jaloux les uns contre les autres... 

Quelques éléments de la décoration intérieure

<= Voici le retable avec l'autel et le tabernacle. Cet ensemble, remarqua-blement restauré, est daté du XVII° siècle. Les deux grandes statues sont celles de St Roch (dans le volet gauche du retable) et de St Martial, évêque fondateur du diocèse de Limoges (dans le volet droit). Au sommet du retable, statue de Notre-Dame de l'Assomption, sainte patronne de cette église.

Ci-contre à droite => vue rapprochée du tabernacle en bois doré, très fine-ment sculpté, avec plusieurs angelots.

Ci-dessus : vitrail de l'ado-ration des bergers à la crèche, après la naissance de l'Enfant-Jésus.

<= à gauche : Vierge cou-ronnée présentant l'Enfant-Jésus également couron-né, dont le pied est posé sur le globe terrestre. Remarquer la finesse de la main de Marie, et le serpent (symbole de Satan) qu'elle écrase de son pied.

Ci-dessus : la vasque du bénitier, portée par un atlante, personnage sculpté en pierre, dont on ne voit que le visage très stylisé, encadré par ses mains dans leur effort de soutien de cette vasque.
Ci-dessus : vue rappro-chée d'un angelot au visage poupin. Ses yeux sont tournés vers le Ciel, car l'une des principales missions des anges est de chanter et proclamer la gloire du Dieu du Ciel !
(photo à gauche) Statue de Saint Pardoux, premier abbé du monastère de Guéret (VII° / VIII° siècle). Sa crosse et sa mitre indiquent qu'il avait rang d'évêque, bien que n'ayant pas la responsabilité d'un diocèse. Il est patron secondaire de l'église de Magnat l'Étrange.

(photo à droite) Nous terminons cette visite en saluant le lion sculpté en pierre, qui veille pour l'éternité sur l'église et les habitants... Trois lions figurent d'ailleurs au blason de la famille De Lestrange.

 Pour en savoir plus sur Magnat l'Étrange et son histoire : la page Facebook "Histoire de Magnat l'Étrange" (on peut regarder librement cette page sans être inscrit à Facebook, mais il n'est alors pas possible de faire des commentaires) ; en particulier, on peut y voir un diaporama réalisé après la restauration de l'église en 2017.

 L'abbé Gabriel MONAMY (1899-1982), érudit qui fut curé de Magnat, a publié des articles détaillés sur l'histoire de Magnat l'Étrange, dans le "Bulletin de la Société des Sciences Naturelles, Archéologiques et Historiques de la Creuse", années 1955-1957-1958-1959-1960. Ces ouvrages se trouvent à la bibliothèque de Guéret.