Saints et ecclésiastiques célèbres de nos paroisses

Nos sources

Cette page a été en grande partie conçue à partir des indications du livre "Histoire de la Marche et du Pays de Combraille" par M. Joullietton, publié en 1814 par l'imprimerie-librairie Bétoulle à Guéret, et réédité en 2002 par la librairie L'Hirondelle Blanche à Aubusson.

Ces renseignements ont été complétés par tout ce qu'on peut trouver aujourd'hui sur Internet, la "bibliothèque municipale du village mondial"...

Si vous avez d'autres informations sur ces sujets, vous pouvez les transmettre à l'adresse suivante : michel.arnaud52@gmail.com

Merci...


Evêques originaires des localités de nos paroisses

Ci-contre : Mgr Charles-Antoine de la Roche-Aymon à 72 ans. Tableau de l'atelier d'Alexandre Roslin, maintenant exposé au Musée de San Francisco (USA). Cliquer sur l'image pour l'agrandir.


 Voir dans les cadres ci-dessous les évêques des familles d'Aubusson / de la Feuillade et Morin d'Arfeuille.


Guillaume de Brosse (date et lieu de naissance inconnus, mais fils de Roger de Ste Sévère et frère de Pierre de Boussac), évêque du Puy (1317) puis de Meaux (1318) ; archevêque de Bourges (1321) puis de Sens (1331) ; mort en 1338. 

Aimeric de Châtelus-Mallevaleix (orthographe d'époque) (?-1349), archevêque de Ravenne (en Italie) en 1322, puis évêque de Chartres en 1332, et enfin créé cardinal par le pape Clément VI.

Guillaume de l'Estranges (aujourd'hui commune de Magnat l'Etrange), archevêque de Rouen de 1375 à 1388.

Elie (ou Elias) de l'Estranges, frère ou neveu du précédent, évêque de Saintes (1381) puis du Puy (1398), mort en 1418. Connu pour avoir été partisan de l'antipape Benoît XIII.

Mentionnons pour mémoire un autre membre célèbre de cette famille de Magnat l'Estranges : Aymeric de Magnac, qui est toutefois né à St Junien (aujourd'hui en Haute Vienne) ; proche des rois de France Jean le Bon puis Charles V, il fut évêque de Paris de 1373 à 1384, et créé cardinal en 1383 par l'antipape Clément VII (donc non reconnu par le pape officiel de l'époque, Urbain VI ; on désignait ces cardinaux sous le sobriquet de "cardinaux d'Avignon").

Charles-Antoine de la Roche-Aymon (photo ci-dessus), né à Mainsat en 1697, évêque auxiliaire de Limoges (1725, à 28 ans !), évêque de Tarbes (1729), archevêque de Toulouse (1740), archevêque de Narbonne (1752), archevêque de Reims (1762), et créé cardinal par le pape Clément XIV en 1771. C'est lui qui baptisa le futur roi Louis XVI, qui le confirma, qui lui fit faire sa première communion, qui le maria avec Marie-Antoinette (1770), et qui le sacra roi de France en sa cathédrale de Reims (1775, après la mort de Louis XV). Décédé à Paris en 1777.

Famille d'Aubusson

L'illustre famille d'Aubusson / de la Feuillade a fourni plusieurs évêques à l'Eglise de France (ainsi que des dizaines de prêtres, abbés, moines et moniales, religieux et religieuses) :

  • Turpin (ou Turpion) d'Aubusson, évêque de Limoges de 898 à 944, repose à St Vaury. Parmi ses frères, citons Aymon d'Aubusson, abbé de Saint-Martial de Limoges de 934 à 942, et Martin d'Aubusson, abbé de Saint-Cyprien de Poitiers de 933 à 943. 
  • Hugues d'Aubusson ou de la Feuillade, évêque de Tulle de 1451 à 1454
  • Louis d'Aubusson, frère du précédent, évêque d'Alet de 1454 à 1455 (le diocèse d'Alet correspond grosso modo au sud du département actuel de l'Aude ; diocèse supprimé à la Révolution, qui n'a jamais été rétabli), puis évêque de Tulle de 1455 à 1471
  • Guichard d'Aubusson, frère des deux précédents, évêque du diocèse de Couserans de 1460 à 1475 (le Couserans correspond sensiblement à l'ouest du département de l'Ariège ; le siège du diocèse et la cathédrale étaient à St Lizier, à côté de St Girons ; diocèse supprimé à la Révolution, qui n'a jamais été rétabli) ; puis évêque de Cahors (1475-1476) ; et enfin évêque de Carcassonne (1476-1497)
  • Antoine d'Aubusson, oncle des trois précédents, évêque de Bethléem à la fin du XV° siècle ; à cette époque, l'évêché de Bethléem, chassé de Palestine depuis la prise de la ville par les Musulmans en 1187, s'était replié à l'hôpital de Panthenor, près de Clamecy (en Nivernais) ; ce minuscule diocèse, composé uniquement de cet hôpital et de ses dépendances, survécut jusqu'en 1790.
  • Georges d'Aubusson (1609 ou 1612-1697), maréchal, duc de la Feuillade, archevêque d'Embrun (1649-1668 ; l'archevêque d'Embrun portait automatiquement les titres de prince d'Embrun, comte de Beaufort et de Guillestre), ambassadeur de France à Venise (1659) puis en Espagne (1661), et enfin évêque de Metz (1669-1697), tout en conservant son titre d'archevêque à titre personnel 1. Remarquons qu'à cette époque, on pouvait être à la fois évêque et militaire (avec le rang de maréchal !...) Les apparitions de la Ste Vierge Marie à la jeune Benoîte Rencurel, au lieu-dit "Le Laus" (près de Gap) commencèrent en mai 1664, pendant qu'il était archevêque d'Embrun. Bien que gravement malade, il se traîna sur les lieux en septembre 1665, pour enquêter sur la réalité de ces apparitions et interroger la voyante, et il y fut guéri ! et donc convaincu du caractère surnaturel des évènements ! Il faudra tout de même attendre 2008 pour que l'Eglise reconnaisse officiellement ces apparitions... Plus tard, à une époque où il n'y avait pas encore de Sécurité Sociale, Mgr d'Aubusson de la Feuillade fonda, à ses frais, un hôpital à Metz : l'hôpital de la Charité Saint Georges, tenu par les Frères de la Charité de Saint Jean de Dieu ; c'est dans la chapelle de cet hôpital qu'il fut inhumé, avant d'être transféré dans la cathédrale de Metz.
1- Très curieusement, cette situation s'est reproduite en 2022 : Mgr Ballot, archevêque de Chambéry (diocèse alpin non loin d'Embrun), est nommé évêque de Metz ; il porte le  rare titre d'archevêque-évêque de Metz.

Famille Morin d'Arfeuille

Guillaume Morin (ou Mourins) d'Arfeuille (vers 1300-1369), originaire du château d'Arfeuille près de Felletin, et apparenté au pape Clément VI, fut aumônier du roi Charles le Bel (Charles IV, roi de France de 1322 à 1328) ; il fut ensuite créé cardinal et nommé archevêque de Saragosse (à l'époque au royaume d'Aragon, aujourd'hui en Espagne).

Guillaume d'Arfeuille, neveu du précédent, créé cardinal en 1367, à l'âge de 28 ans, par le pape Urbain V, "en considération de l'amour que ce pape portait à son oncle".

Nicolas d'Arfeuille, neveu du précédent, créé cardinal par le pape Clément VII en 1378, décédé en 1381. Un tableau le représentant était accroché dans une église de Felletin qui brûla en 1795.

Raimond d'Arfeuille, évêque de Rhodes (aujourd'hui en Grèce, dans une île au large de la Turquie) en 1361.

Faideau d'Arfeuille, successeur du précédent comme évêque de Rhodes en 1364.

 En savoir plus sur l'actuel château d'Arfeuille (construit en 1480 sur l'emplacement du château féodal antérieur) 


L'actuel château d'Arfeuille - photo ci-dessous par Aubussonais — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index. php?curid=16632965

Autres ecclésiastiques et personnalités religieuses célèbres

  • Pierre d'Aubusson, né en 1423 au château du Monteil (aujourd'hui Le Monteil au Vicomte dans le sud creusois, entre Aubusson et Bourganeuf), frère des trois évêques Hugues, Louis et Guichard d'Aubusson (voir ci-dessus), mort en 1503 à Rhodes (île appartenant aujourd'hui à la Grèce). Il fut élu en 1476 comme 40ème Grand Maître des Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Créé cardinal en 1486 par le pape Innocent VIII, et légat du pape en Asie, il fut surnommé le « Bouclier de la Chrétienté ». C'est lui qui recueillit le prince Djem, fils du Sultan de Constantinople, en 1482, et qui l'envoya à Bourganeuf où son nom fut francisé en "Zizim" ; il fut "hébergé" (c'est à dire otage et prisonnier, selon les moeurs de l'époque...) dans la tour qui porte encore son nom.
=> Image à droite : Pierre d'Aubusson, 39° successeur du fondateur des Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem - gravure de Cars (XVIII° siècle) - cliquez sur l'image pour l'agrandir.

  • Durand de Felletin, mort en 1578 (période des guerres de religion), fut un théologien catholique, docteur de la Sorbonne, à une époque où les querelles théologiques se multipliaient entre catholiques et protestants.
  • Jacques Brousse, d'Auzances (1590-1673), nommé en 1629 chanoine de la paroisse St Honoré à Paris, prédicateur de renom et auteur de plusieurs ouvrages de théologie. Mêlé à la querelle du jansénisme, il dut se rendre à Rome pendant les discussions à ce sujet ; c'est à cette occasion que le pape Innocent X lui aurait donné la copie de la "Descente de Croix", oeuvre de Daniel de Volterra, exposée encore aujourd'hui en l'église St Jacques d'Auzances.
  • Jean de Brosse, maréchal de Boussac (1375-1433), accompagna Sainte Jeanne d'Arc dans les combats contre les armées anglaises en 1429 (sièges et batailles d'Orléans, de Jargeau, de Meung, de Beaugency, de Patay). Lors du sacre du roi Charles VII en la cathédrale de Reims, il eut l'insigne honneur de porter la "Sainte Ampoule", contenant le Saint Chrême destiné à l'onction royale. A sa mort, il semble qu'il aurait été enterré en l'abbaye de Prébenoît (située dans la commune actuelle de Bétête), mais ses aventures ne s'arrêtent pas là ! En effet, pour tout héritage il laissa de lourdes dettes. Ses créanciers menacèrent alors de le faire excommunier "post mortem", terrible condamnation (à l'époque...) qui se serait traduite par l'exhumation de son cadavre de la terre sacrée de l'abbaye de Prébenoît, pour le "rétrograder" dans une terre moins sainte, avec le vulgum pecus !... Fort heureusement, le roi Charles VII voulut bien se souvenir des bons et loyaux services du Maréchal, et pour lui éviter cette humiliation posthume, dans sa grande magnanimité, Sa Majesté décida de lever un impôt exceptionnel (!...) dans les seigneuries de Boussac, Huriel et Sainte-Sévère, pour apurer le passif de la dette ! Les chroniques de l'époque ne nous disent pas si les contribuables ainsi "tondus" apprécièrent vraiment l'élégance (on n'ose pas dire la charité) de ce geste royal...
  • Guillaume de Chamborent (ou de Chambonnet) : dernier commandeur de la Commanderie du Temple de Blaudeix, au début du XIV° siècle ; lors du procès de l'Ordre du Temple, intenté à l'instigation du roi Philippe le Bel, en 1310, il fut désigné comme l'un des quatre procureurs (c'est à dire avocats) chargés de défendre l'Ordre.
  • Madeleine Gipoulon (1765-1821), en religion Mère Victoire, fonda en 1802 (peu après la fin de la Révolution) la congrégation des "Sœurs Hospitalières de Saint-Roch de Felletin". A l'imitation de leur patron Saint Roch, ces sœurs se consacraient aux soins des malades à l'Hôtel-Dieu de Felletin ; puis elles étendirent leur champ d'activité à l'éducation des jeunes filles, au sein de l' "Ecole St Roch". En 1839, cette congrégation en expansion fonda à son tour une filiale à Treignac (Corrèze), qui devint en 1844 une congrégation indépendante, sous le nom de "Sœurs du Saint-Cœur de Marie de Treignac". Une école fut également fondée à Crocq en 1853 ; mais les activités éducatives furent brutalement interrompues en juillet 1904, par la loi d'expulsion des congrégations enseignantes. Par suite de la baisse des effectifs, les sœurs de Felletin ont fusionné en 1943 avec les "Sœurs de la Providence de Saint-André de Peltre" (Peltre est situé à côté de Metz ; cette congrégation était encore implantée très récemment à Eygurande (Corrèze) et à Giat (Puy de Dôme, près de Crocq)).
  • Jean Guitton (1901-1999) : philosophe, peintre, romancier, membre de l'Académie Française, spécialiste des questions oecuméniques, et invité à ce titre à suivre les travaux du concile Vatican II, ami personnel du pape St Paul VI ; sa famille maternelle habitait au château de Fournoux (commune de Champagnat) ; lui-même s'est ensuite installé à quelques centaines de mètres de là, au hameau du Deveix, où il a construit un cloître ouvert (sic !) et une chapelle privée (ornée de tableaux peints par lui-même), dans laquelle il a été inhumé avec son épouse.
 Pour en savoir plus sur cette chapelle et sa décoration : Mémoires de la Société des Sciences naturelles, archéologiques et historiques de la Creuse, Tome 56 (années 2010-2011), pages 313 à 336, avec de nombreuses photos de la décoration de la chapelle.

Nos saintes et saints

  • Saint Julien (III° siècle) : soldat romain converti au christianisme, il aurait pris la fuite à l'annonce d'une persécution anti-chrétienne, et se serait caché dans la forêt de Drouille, près de Dontreix, au lieu-dit "Rochers de St Julien" ; mais il fut ensuite arrêté près de Brioude, où il subit le martyre en 304 ; la basilique St Julien de Brioude est réputée avoir été construite sur le lieu de son ensevelissement. Il a donné son nom aux communes de St Julien le Châtel (près de Chénérailles), St Julien la Genête (près d'Evaux) ainsi que St Julien la Geneste (près de Pionsat dans le Puy de Dôme), la forte ressemblance entre les noms de ces deux dernières communes ayant occasionné pas mal de difficultés dans l'acheminement du courrier... jusqu'à l'invention du code postal. Il est le saint patron de l'église de Dontreix ; une messe avec procession est célébrée chaque année aux Rochers de St Julien, aux environs du 28 août, date de sa fête.
  • Sainte Carissime (VII° siècle), noble dame du Limousin, se sanctifia dans le mariage, puis dans le veuvage ; elle aurait fondé le monastère Saint Martin de Roseille (à l'emplacement de la commune actuelle de Moutier Rozeille) ; elle est fêtée le 7 juillet.
  • L'ermite Saint Marien s'est retiré dans la solitude au nord d'Evaux, sur le site de l'actuelle chapelle St Marien, dominant le confluent du Cher et de la Tardes ; c'est lui qui a donné son nom à la paroisse St Marien en Combrailles, ainsi qu'à la commune de St Marien, au nord de Boussac.
  • Deux évêques de Limoges ont été canonisés : Saint Martial (fondateur du diocèse au III° siècle) et Saint Loup de Limoges (évêque au début du VII° siècle, choisi par le roi des Francs Clotaire II, après avoir miraculeusement guéri son fils). On peut raisonnablement supposer que, pendant la durée de leur épiscopat, St Martial et St Loup ont sillonné leur diocèse dans tous les sens, dans le cadre de ce que nous appellerions aujourd'hui des "visites pastorales" ; il est donc très probable qu'ils aient arpenté le territoire actuel de nos trois paroisses... 
  • Une tradition locale rapporte que Martial, à son entrée en Limousin en provenance de Rome, accompagné des futurs saints Alpinien et Austriclinien, se serait arrêté à Toulx Ste Croix, où il aurait ressuscité le fils d'un notable ; la "Vita prolixior", biographie de St Martial écrite par Adhémar de Chabannes au début du XI° siècle (800 ans après les faits), raconte de son côté qu'à Toulx il guérit une possédée, fille d’Arnulfus, ainsi qu'un jeune garçon, le fils de Nerva, qui était en train de périr étouffé ; ces miracles auraient entraîné la conversion au christianisme de tous les habitants du village...
  • Une autre tradition locale nous montre Martial, empruntant une voie romaine de notre secteur, d'Ahun vers Limoges. Son passage est jalonné par des localités qui font mémoire de son nom : St Martial le Mont, La Chapelle St Martial... Il rencontre des populations celtiques vénérant les divinités païennes du panthéon gallo-romain. A Ahun, il se heurte à des habitants hostiles. Tandis qu'il prêche la religion nouvelle, il est violemment pris à parti par les prêtres "officiels". On raconte qu'il aurait accompli des guérisons, des miracles et des conversions, mais une partie de la population, excitée par les prêtres de Mercure et de Jupiter, le chasse à coups de pierres et le poursuit dans les bois. A la Pierre-du-Marteau (tout près du Donzeil), au milieu de la forêt, là où se trouve une borne milliaire, Martial est épuisé et excédé. Il jette à terre le lourd marteau qu'il avait l'habitude de porter (d'où l'origine du toponyme) et il invoque le Christ. Soudain, deux lions sortent du bois et mettent en fuite les poursuivants. Se retournant alors vers Ahun, il profère cette malédiction : "Tant qu'Ahun existera, dans chaque maison fou il y aura". Puis, escorté des deux lions, le saint évangélisateur poursuit son chemin ; mais les lions terrorisent les paysans, aussi décide-t-il, à La Chapelle Saint Martial, de les transformer en statues de pierre. Un lion en granit est encore présent aujourd'hui sur la place de ce village, devant l'église... et son "collègue" est à St Georges la Pouge (localité située quelques kilomètres plus loin sur la voie romaine). (d'après Jean-Marie CHEVALIER, Le Donzeil, un village à travers l'Histoire, édition l'Harmattan, 2001).

Martyrs des Carmes (1792)

Parmi les 191 évêques, prêtres, religieux et laïcs morts martyrs au couvent des Carmes à Paris au début de septembre 1792 au moment de la Terreur, deux étaient originaires du territoire de la paroisse Notre Dame de Haute Marche :

  • François Dumasrambaud de Calendelle est né à La Chaussade le 18 octobre 1754. Ordonné prêtre, il exerce à Ajain avant de devenir chapelain de l’évêque de Limoges. On ne sait pour quelle raison il se trouvait à Paris en 1792.
  • François Vareilhe-Duteil est né à Felletin le 15 juin 1734. Il entre au noviciat des Jésuites en 1751 ; il prononce ses premiers vœux en 1753, étudie et enseigne ensuite à Bordeaux et Poitiers. On perd sa trace à la suppression de la Compagnie de Jésus en 1773. On le retrouve chanoine de la collégiale Saint Merri à Paris, puis retiré dans la maison des prêtres de Saint François de Sales à Issy les Moulineaux, où il est arrêté le 15 août 1792 avec d’autres prêtres infirmes ou âgés, puis transféré au couvent des Carmes à Paris. Son nom figure parmi les victimes sur le registre mortuaire au 2 septembre 1792.

On peut vénérer ces bienheureux dans la crypte de l’église Saint Joseph des Carmes (à l’Institut Catholique, Paris 6°). Ils ont été béatifiés en 1926 par le pape Pie XI, la date de leur fête étant fixée au 2 septembre. Parmi les 191 martyrs, un seul a été canonisé à ce jour (par le pape François en 2016) : Saint Salomon Leclercq, frère des écoles chrétiennes, après la reconnaissance de la guérison miraculeuse en 2007 au Vénézuéla d’une fillette de 5 ans piquée par un serpent venimeux.

L'abbé Michon, remarquable curé de La Courtine au XVIII° siècle

Le Père Jean-Baptiste Michon, né en 1700 à Flayat, est nommé vicaire de la paroisse de Flayat en 1729, puis curé de Saint Denis en 1741 ; il y meurt en 1765. A part son année de séminaire, il aura donc passé toute sa vie dans un territoire à peine plus grand qu'un timbre poste ! (de Flayat à St Denis = 17 km).

A cette époque, la paroisse de St Denis avait deux annexes, l'une à La Courtine, et l'autre à La Daigue (l'église de Lombarteix avait déjà disparu) ; mais pendant la Révolution, les communes de La Courtine et St Denis ont fusionné, sous le nom de "La Courtine" ; quant à La Daigue, le village et son église ont été rasés pour faire place nette au camp militaire de La Courtine, au début du XX° siècle.

Quelle est la situation religieuse au temps du P. Michon ? Après l'apparition de la réforme protestante au début du XVI° siècle, la papauté organise en réponse le concile de Trente de 1545 à 1563 (Trente est une ville du nord de l'Italie, dont les habitants s'appellent les tridentins et tridentines). Ce concile a pour principaux objectifs de mettre fin à divers abus au sein de l'Eglise catholique romaine, de confirmer plusieurs points de doctrine réfutés par les protestants, et de prescrire de nouvelles orientations pour rafraîchir et restaurer la foi des catholiques : c'est la "contre-réforme", également appelée "réforme tridentine". La mise en oeuvre pratique des décisions du concile de Trente est lancée par le pape Saint Pie V (pape de 1566 à 1572), mais elle mettra "un certain temps", voire même "un temps certain", pour franchir les frontières, arriver jusqu'aux évêques, puis jusqu'aux prêtres et enfin jusqu'aux fidèles. Il est vrai que la fin du XVI° siècle et tout le XVII° siècle sont marqués en France par les guerres de religion, l'Edit de Nantes et sa révocation, le jansénisme, le quiétisme, le gallicanisme... Aussi la contre-réforme peut-elle sembler moins urgente aux yeux du pouvoir royal et du clergé, et elle avance donc lentement, très lentement, au milieu de tous ces obstacles... Soutenue par Mgr de Coëtlosquet, évêque de Limoges de 1739 à 1758, elle finit quand même par arriver à la paroisse de St Denis au milieu du XVIII° siècle, donc environ 180 ans après Saint Pie V : à la vitesse d'un escargot au grand galop...

A St Denis, le P. Michon se dépense (et dépense son argent et celui de sa famille) dans différentes actions "innovantes", qui viennent évidemment en plus de ses activités "ordinaires" de curé de paroisse :

  • les bâtiments d'église : à son arrivée, les trois églises de La Courtine, St Denis et La Daigue étaient en si mauvais état que leur accès était interdit pour raison de sécurité ! Il fait réparer et rouvrir St Denis et La Daigue ; à La Courtine où la situation du bâtiment est encore plus critique, il fait carrément démolir l'ancienne église et en fait construire une nouvelle, mieux placée dans le centre du bourg, plus près des fidèles (c'est l'église actuelle Notre Dame de l'Assomption, dans laquelle le P. Michon a d'ailleurs été inhumé ; mais elle était relativement petite, car les finances ne suivaient pas... elle a été bien agrandie à la fin du XIX° siècle par le P. Villatel, nouveau curé bâtisseur)
  • la décoration : il orne les trois églises de tableaux et statues de saints, pour que ceux-ci deviennent plus familiers aux paroissiens ;
  • les croix : il fait restaurer les croix existantes, en aussi mauvais état que les églises, et implante des croix à (presque) tous les carrefours qui n'en sont pas encore pourvus (il avait déjà multiplié les croix dans la paroisse de Flayat, quand il y était vicaire ; en plus des croix, il a également fait planter beaucoup d'arbres : c'était un écologiste avant l'heure !)
  • les dévotions locales : il remet en vigueur les fêtes patronales et en soigne la liturgie ; il relance les confréries des différents saints patrons ; il relance également les rogations et autres prières climatiques, très importantes en milieu rural, où l'énorme majorité des fidèles est constituée de paysans, d'ouvriers agricoles, et de leurs familles ;
  • les processions : il multiplie les processions à l'occasion des fêtes religieuses et des fêtes patronales, et même des dimanches "ordinaires", en traçant des itinéraires en zigzag qui permettent de visiter les différentes croix et de "surmultiplier" les prières et les cantiques... et ainsi de "survitaminer" la vie paroissiale ;
  • les confréries tridentines : il crée trois nouvelles confréries : la confrérie du Saint-Sacrement, la confrérie du Rosaire, et la confrérie de Notre Dame du Mont Carmel et du Scapulaire, ceci pour faire passer "en douceur" les décisions et orientations du concile de Trente sur l'Eucharistie, la Ste Vierge Marie et le culte des saints, sujets de friction avec les protestants ;
  • la formation : il met en place une "pédagogie" (nous dirions aujourd'hui : des cours du soir) pour approfondir la formation religieuse et spirituelle de paroissiens bien motivés ; sa réputation est telle qu'on y vient même des paroisses voisines ; au catéchisme, il utilise un langage clair et accessible aux enfants ;
  • les familles : il les visite toutes ; il établit leur arbre généalogique ; il est très proche de ses ouailles.
Quel résultat à ces actions ? Quelques chiffres permettent de le mesurer : parmi les personnes en âge d'adhérer aux nouvelles confréries (c'est à dire en écartant du calcul les jeunes enfants qui n'ont pas encore fait leur première communion), le taux d'adhésion à la confrérie du St Sacrement est d'environ 40% de la population totale ; à la confrérie du Rosaire, environ 35% ; et à la confrérie de Notre Dame du Mont Carmel et du Scapulaire, environ 70% (certains confrères peuvent être membres de plusieurs confréries, ce qui explique pourquoi le total dépasse 100%). Chapeau bas, Monsieur le Curé !

Et pourquoi parle-t-on tant de l'abbé Michon et pas des autres curés de paroisse, ses confrères ? Parce que le P. Michon, pendant ses années en tant que curé à St Denis, a rempli deux gros cahiers (les "Annales de La Courtine"), en notant régulièrement ses différentes actions, ses dépenses et ses recettes, ses visites aux familles, les réparations et travaux, etc... et parce que ces deux cahiers ont miraculeusement traversé les siècles (y compris la Révolution, la séparation de l'Eglise et de l'Etat, et la deuxième guerre mondiale) sans dommage, et sont parvenus jusqu'à nous ; ils sont maintenant conservés aux Archives Départementales à Guéret, et ils constituent une mine de renseignements très concrets pour les historiens et les chercheurs. Mentionnons aussi le fait que la réforme protestante n'a pas beaucoup atteint le secteur géographique de La Courtine, montagneux et difficile d'accès à l'époque... Et puis le P. Michon n'a pas fait tout ça tout seul, il a assurément reçu un sérieux coup de pouce du Saint Esprit, de son ange gardien, etc... et le soutien actif de son évêque et de sa hiérarchie ! Quant aux autres curés du secteur, seul le manque de documentation nous empêche de savoir s'ils n'ont pas fait encore plus et mieux que le P. Michon...

 Pour en savoir plus sur le P. Jean-Baptiste Michon, nous recommandons la lecture du livre "Mémoires de la Société des Sciences naturelles, archéologiques et historiques de la Creuse", tome 56 de 2010/2011, pages 229 à 259, par Stéphane Lajaumont.

L'abbé Martinenghi, curé de St Sulpice les Champs de 1932 à 1946


Henri Martinenghi est né le 19 septembre 1900 à Briançon (Hautes-Alpes) ; son père était receveur des postes. Sa soeur est supérieure d'une congrégation religieuse. Il est ordonné prêtre le 27 juin 1926 pour le diocèse de Limoges. Les prêtres du Grand Séminaire qui l’ont connu rapportent combien il était sérieux et d’une piété exemplaire. Il avait l’habitude de consacrer ses temps de loisirs à la pratique de l’art oratoire, au sein d’un petit groupe d’amateurs. 

Il est nommé vicaire à Guéret de 1926 à 1932. Son premier apostolat le conduit à s’occuper de l’éducation religieuse des enfants. Il écrira, bien plus tard, que les six années passées à Guéret furent les meilleures de sa vie sacerdotale. Il est ensuite nommé curé de Saint Sulpice les Champs, de 1932 à 1946. 

L’abbé Martinenghi fut un prêtre marquant, qui a dû évoluer dans un contexte régional très déchristianisé. D’une manière générale, les habitants demeuraient politiquement plutôt modérés, loin de la radicalisation politique à laquelle on assistait sur le plan national. Au cours de ces années 30, la population du canton de Saint Sulpice les Champs est marquée par les deuils de la Grande Guerre, et les femmes sont plus nombreuses que les hommes. Cette donnée démographique a probablement joué un rôle dans la renaissance d’un sentiment religieux... Dans ce contexte local, l’abbé Martinenghi a été le catalyseur de ce retour en force de la religion. Il visitait les fidèles des églises des villages dont il avait la charge (Ars, Le Donzeil, Saint Avit le Pauvre et bien sûr Saint Sulpice les Champs) ; il fonda un journal local « A l’ombre de nos clochers » où il montrait une grande ouverture d’esprit : son propos très modéré et social tranchait avec le sectarisme des principaux acteurs de l’époque. Au moment du Front Populaire (1936), l’éditorial sur « l’inquiétude du moment présent » évoque le fossé qui sépare la France en deux, et les horreurs possibles d’une guerre civile. Il appelle à un retour de la morale chrétienne qui prêche l’amour du prochain, y compris de ses ennemis. Le sous-titre du journal est d’ailleurs « Aimez-vous les uns les autres ».

Il fit preuve d’un dynamisme inventif, en organisant des braderies et kermesses, des camps pour les jeunes, des pèlerinages à Lourdes... Il a oeuvré pour la réparation des églises, en y faisant participer les jeunes villageois, qu’il rémunérait (aujourd'hui, on parlerait d' "emplois d'insertion"). Il s’est beaucoup investi dans le mouvement naissant de la « Jeunesse Agricole Chrétienne (JAC) » ; ce mouvement militant engageait la jeunesse dans la remise en valeur de certaines formes traditionnelles de piété, telles que le mois de Marie, les neuvaines de prières, les pèlerinages. Mais la nouveauté la plus marquante dans la vie religieuse de ses paroisses fut l'étude mensuelle d'une page d'Evangile. C'était, en germe, une nouvelle pédagogie de la foi. Ainsi l’abbé Martinenghi fut-il l’aumônier très actif du mouvement « jaciste » sur la Creuse. 

En 1935, alors que Le Donzeil vient d’élire un maire communiste, il veut donner un faste particulier à la bénédiction d’un chemin de croix dont il vient de faire l’acquisition pour l’église. En fait, il avait acquis trois chemins de croix identiques pour trois de ses églises ; ces chemins de croix sont toujours en place aujourd'hui dans les églises du Donzeil et de Saint Sulpice ; ils se présentent sous la forme de 14 tableaux en bas-relief, fond quadrillé bronze, personnages d'un ton ivoire. Le chemin de croix de l’église du Donzeil fut inauguré le 24 juillet 1935, sous la présidence de l’évêque de Limoges (la dernière visite d’un évêque au Donzeil remontait à plus de quarante ans...). L'histoire ne dit pas si M. le Maire assista à la cérémonie... voilà des précurseurs de Don Camillo et Peppone !

Finalement son action s’avéra fructueuse, puisque le nombre de familles participant au denier du culte fut multiplié par plus de quatre entre 1932 et 1937 !

Il est mobilisé en 1939, en tant que lieutenant, sur la ligne Maginot, mais est fait prisonnier le 4 juillet 1940, puis interné au camp de Soest ( près de Dortmund en Allemagne) où il fait preuve d’une grande résistance d'esprit, ce qui lui vaudra un transfert au "camp de représailles" de Lubeck. A Soest, les prêtres prisonniers avaient monté clandestinement une petite chapelle : « Die Französische Kapelle » (la Chapelle Française).

A son retour d’Allemagne, en juin 1945, il reprend sa place à Saint Sulpice, puis est muté au diocèse de Gap en 1946, dans son département de naissance, probablement pour se rapprocher de sa famille, mais aussi et surtout pour se remettre de l’épreuve des camps de déportation. Il est tout d’abord nommé vicaire économe de la paroisse des Crottes (Hautes-Alpes) « pour raisons de santé ». Puis, en 1947, l'Abbé Henri Martinenghi est déchargé de son service, toujours « pour raisons de santé », et affecté à l'Aumônerie des Soeurs de Saint-Joseph de Gap. En septembre-octobre 1951, il est nommé vicaire économe à Saint-Pierre d'Argençon et Aspremont, et adjoint à la Direction diocésaine des Oeuvres, chargé d'accompagner la Ligue "FAC", (ligue Féminine d'Action Catholique).

Enfin, en 1954, il réintègre son diocèse de Limoges, pour devenir curé du village martyr d’Oradour-sur-Glane. Dès son arrivée, il entreprend un plan d’évangélisation. Son amabilité et sa bonté lui permettent de conquérir la population qui avait tant souffert. Il se donne alors tout entier à sa tâche. Il décède à Oradour le 12 novembre 1955, âgé d'à peine 55 ans. L’évêque de Limoges écrira à propos de son apostolat à Oradour : « En un an il avait conquis toute la paroisse, très particulière, d'Oradour-sur-Glane, et on l'a pleuré comme s'il y avait résidé avec dévouement depuis plus de 20 ans ».

d'après le "Bulletin de l’Association des Amis de l’Eglise de Saint Sulpice les Champs" - n°1 - Décembre 2020